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UNE GRANDE FILLE

Avant d’écrire « La fin de l’Homme rouge », livre exceptionnel s’il en est, et d’obtenir le Nobel de Littérature, Svetlana Aleksievitch avait écrit en 1985 « La guerre n’a pas un visage de femme » dont le jeune metteur en scène russe Kantemir Balagov s’est inspiré pour écrire le scénario de ce film hors norme.
Bien sûr ce film a obtenu le prix de la mise en scène à Cannes,  dans la catégorie « Un certain regard ». Mais je lui aurais bien donné la palme en lieu et place de «Parasite ».

Ceux qui aiment le cinéma, le vrai, ne peuvent pas ne pas courir voir cette œuvre de pleine maturité alors que le metteur en scène a à peine trente ans. Ce film est lourd, très lourd, dense de réalités humaines souvent cachées, inavouées. Il expose en pleine lumière les traumatismes engendrés par les guerres et les conséquences qu’elles entraînent des années après qu’elles soient officiellement finies.

Mais il est également une œuvre picturale magnifique, une succession de tableaux qui ne se cachent pas de vouloir être dans la lignée, par exemple,  d’un Vermeer. Le tout sans une once d’esthétisme et toujours au service de l’action dont les péripéties relancent constamment l’intérêt.

On n’oubliera pas les visages des deux actrices épatantes que sont Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina. Un très grand film qu’on tue à l’avance en le sortant en août…

Didier Grandcolas     Août 2019

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