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90'S

Traduisez « Les années 90 ». C'est un film intéressant, techniquement beau, musicalement bien daté avec un morceau de rap considéré comme "culte": "Liquid Swords" du groupe GZA qui a du bercer vos nuits. Mais c'est aussi désespérant. Voir comment nos sociétés développées, qui se prétendent "intelligentes", tuent dans l'oeuf les potentialités de jeunes qui ne demanderaient qu'à exploser est triste à pleurer. C'est comme ça. Mais nous, adultes, on peut ne pas s'y faire...

Transportez-vous dans une banlieue sans intérêt de Los Angeles. Vous aurez les cadres temporels et spatiaux. Mettez-y un « gamin » de 13-14 ans (joué par Sunny Suljic, seul acteur professionnel) qui s’ennuie à mourir pendant les vacances d’été. Rajoutez un père inexistant, un frère ainé sans intérêt, une mère totalement absente. Tout peut arriver…

Jonah Hill, le réalisateur, a choisi de décrire l’intégration du petit jeune dans une bande de skaters dont les membres sont déjà perdus. Non pas qu’ils fassent des bêtises, boivent ou fument démesurément. Mais ils sont vides, creux, sans curiosité, banals à en pleurer, déjà gâchés à 15 ans ! Quelle tristesse…

Il y a, heureusement, un plus grand, 16 ans, un beau noir mentalement assez bien structuré qui joue l’indispensable rôle de chef de patrouille et qui donne les limites. Il a un côté lumineux et on voudrait pouvoir croire que lui va s’en sortir…

Des gamins sont mis au monde ; leurs possibilités sont infinies. Mais notre société gâche leurs chances et les mutile dès l’enfance. Parents irresponsables ne pensant qu’à leurs petits plaisirs égoïstes et sans envergure, enfants abandonnés.  C’est miracle que la situation ne soit pas pire !

Didier Grandcolas  Avril 2019

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