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FORTUNA

Il vous souvient certainement de ces soirées de discussions autour d'un film ouvrant sur de multiples points de vue.

"Fortuna" appartient à cette catégorie et c'est devenu assez rare car on ne fait pas beaucoup d'argent en s'intéressant aux problèmes de l'immigrant, et ici, plus précisément, d'une immigrante de 14 ans ayant "perdu" ses parents. 

Allez-y; vous retrouverez le goût et le plaisir de la dispute.

C’est un film qui s’adresse aux amateurs de cinéma « Art et Essai ». Extrêmement sobre, dans un noir et blanc glacial qui pourrait rappeler Robert Bresson, ce film tourné en plein hiver à 2.000m d’altitude dans l’Hospice du Simplon ne vous donne pas beaucoup de respirations.

Germinal Roaux, le réalisateur, ne perd pas son sujet de vue une seule minute. Nous vivons  donc quelques jours d’une réfugiée africaine de 14 ans (jouée par une jeune éthiopienne : Kidist Siyum Beza) hébergée « provisoirement » par les chanoines. Traumatisme du voyage, lourd secret qu’elle garde, solitude, neige, froid, tempête. Services sociaux, police, moines, une fois ce cadre fermé mis en place le réalisateur pose essentiellement deux questions.

Les moines, menés par un Bruno Ganz épatant, sont dérangés dans leur vie de prière ; doivent-ils continuer à héberger ce « dérangement » ou privilégier leur vie de foi tranquille ?

Le responsable des services sociaux et Bruno Ganz s’opposent : faut-il décider pour cette jeune fille de 14 ans ou faut-il au contraire la laisser libre de son choix ?

Ce film, intelligent, est dérangeant au bon sens du terme.

Raison de plus pour aller le voir.

Didier Grandcolas

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