L'INSULTE

Voilà un film intéressant et bien fait qui, dans le contexte libanais, renouvelle les thèmes de l'amour propre, des haines ancestrales et de la difficulté, sinon même de l'impossibilité, du pardon. Comme le dit un des protagonistes:"Je ne suis pas Jésus-Christ pour tendre l'autre joue". Tout est dit.

Dans sa forme c’est un film tout à fait classique : un incident qui dégénère, une insulte, un refus de s’excuser, un tribunal d’instance puis une cour d’appel, trois parties bien structurées qui s’enchaînent inéluctablement. Dans le fond, s’agissant d’un libanais chrétien fidèle de Gemayel et d’un palestinien immigré sur fond de guerres tous azimuts le film prend évidemment une toute autre épaisseur et dérive sans coup férir sur le terrain politique et ses passions incontrôlées.

Le réalisateur, Ziad Doueiri et sa co-scénariste Joëlle Touma reproduisaient d’ailleurs ces différences fondamentales, elle chrétienne et lui sunnite. La matière leur était donc familière…

Les deux acteurs principaux, Adel Karam, le chrétien et Kamel El Basha, le palestinien jouent les deux têtes de lard. La beauté de Rita Hayek, qui joue la femme du chrétien, apporte une respiration bien venue dans ce quasi huis-clos de théâtre.

La première réaction est, bien entendu, de dire : « ça ne finira jamais, ils ne s’en sortiront pas, ça fait trois mille ans que ça dure etc. ». Mais à bien y réfléchir, ce film n’est-il pas en lui-même la preuve par neuf que non, qu’une entente est possible, qu’une paix, même fragile, peut advenir ?

Beau film, bien fait, qui donne à penser et à rêver…

Didier Grandcolas  Février 2018